Groupe «société numérique» du Lab

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Numerama - Interview de Ludovic Pénet

J'ai donné fin août 2011 une longue interview à Guillaume Champeau de Numerama.

Cette interview, publiée initialement en deux parties (1 et 2), est ici condensée en un seul texte afin de faciliter la discussion avec les commentateurs. La version publié sur ce blog ne comporte pas tous les liens ajoutés par Numerama et qui apportent indéniablement une valeur ajoutée.

En cas d'alternance en 2012, et s'il est au pouvoir, quelle pourrait être la politique du Parti Socialiste en matière de numérique et de culture sur Internet ? Pour en avoir une idée, nous avons longuement interrogé Ludovic Pénet, engagé de longue date sur ces questions au PS, conseiller depuis 10 ans du député Christian Paul, et chargé du numérique au sein du "Laboratoire des idées" que préside ce dernier.

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Politique de gauche de l'entreprenariat : une terre interdite ?

Parmi les sujets que je dois creuser, avec d'autres, au sein du lab du PS figure en bonne place "l'entreprenariat". C'est un sujet qui me tient particulièrement à coeur du fait de mon parcours. Pour avoir monté trois boîtes, j'ai une certaine expérience de la réalité de cet exercice...

Depuis maintenant plusieurs années, bien avant le "lab" donc, je cherche une voie de passage entre la faucille et le marteau qui prennent en étau un tel effort.

Il y a, d'une part, le poids de l'oligarchie. Le mot est peut-être outrancier. Toujours est-il que, en France, être entrepreneur et s'afficher de gauche n'est pas sans risque. Le microcosme vous le fait payer. Très vite, et très cher. Ce facteur, combiné au peu de temps libre dont disposent ceux qui créent une entreprise et donc à leur manque de disponibilité/volonté pour organiser une parole commune ,n'aide pas vraiment.

Il y a, d'autre part, le poids de la technostructure. Une vraie révolution culturelle reste à accomplir en France : celle, pour la Gauche, d'admettre que, parfois, moins de contrôle et moins d'État aident à l'émancipation du plus grand nombre. Dans le petit monde de l'innovation numérique, je suis frappé par l'unanimité des retours des créateurs d'entreprises que j'ai pu croiser. Par leur calvaire administratif pour grapiller, ici et là, des fonds propres, une subvention ou un prêt d'honneur. Tout en se sentant obligés de chanter les louanges des organismes spécialisés dès lors qu'un micro leur est tendu...Je suis également régulièrement frappé de voir que bien des personnes brillantes, de très bonne volonté, mais qui n'ont que la culture des structures d'aide à l'innovation s'avèrent incapables de ne serait-ce que *comprendre* ce que leur disent les entrepreneurs. Les mots sont parfois les mêmes, mais avec un sens très différent...

Après un peu plus de 15 ans d'ouverture de l'Internet au plus grand nombre, il est peut-être temps de constater la faillite de ce système. Et d'envisager de repartir sur des bases radicalement différentes.

Prenez les principaux dispositifs de soutien à l'innovation, et parmi eux, le Crédit Impôt Recherche (CIR). Ce dispositif, largement dévoyé par les grandes entreprises, bénéficie encore un peu aux petites... Mais à quel prix ? Même pour ce dispositif déclaratif, qui a l'avantage de réduire la dose de paperasse et de jurys avant de toucher les premiers euros, la récupération de son dû auprès de l'administration peut s'avérer longue, chronophage, voire fatale...

D'où quelques idées très simples, qui me semblent faire consensus :

  • plutôt que de subventionner les créateurs d'entreprise, réduisez fortement leurs charges ;
  • plutôt que de rajouter une couche administrative supposée corriger les biais d'allocation de subvention de la précédente, voyons s'il ne vaut pas mieux supprimer ce qui fonctionne mal.

En pratique, cela pourrait être un statut particulier, pour lequel opterait les créateurs d'entreprises. Ce statut leur interdirait l'accès aux systèmes tels que le JEI, CIR, etc. Il leur apporterait par contre une progressivité des charges de nature à encourager l'innovation. Progressivité en fonction de leur croissance et du temps, notamment. Plutôt que de nous demander quelle administration peut être "stratégiquement neutre", quel "observatoire" peut contribuer à améliorer les mastodontes de l'aide publique, faisons confiance aux entrepreneurs !

Une telle démarche ne serait pas exclusive d'aides ciblées en fonction de critères sociaux. Des garde-fous sont à mettre en place afin d'éviter les effets d'aubaine. Les participations, par exemple,doivent être tracées afin d'éviter les filialisations opportunistes.

Ce n'est, si on y regarde bien, pas une si grande révolution. La gauche a longtemps eu une composante auto-gestionnaire forte.

Souvenons-nous que, en France, Facebook n'aurait eu droit à aucune aide. Si nous voulons que des géants de l'Internet et du numérique émergent (et payent des impôts !) en France, nous devons d'urgence libérer les énergies des entrepreneurs, de tous les entrepreneurs, par un projet de société qui permet à chacun d'entreprendre puis de contribuer ensuite à la mesure de sa réussite !

Vers une contribution au programme numérique du PS pour 2012

Christian Paul m'a demandé de relancer, avec Sophie Pène, le groupe de travail «Société numérique» du «Laboratoire des idées». Christian est le président du «lab», structure créée après le dernier congrès du PS pour travailler de manière ouverte avec celles et ceux qui se sentent de gauche mais n'ont pas forcément envie de s'encarter au PS à la préparation d'éléments programmatiques pour 2012.

Je dis bien relancer car un groupe sur le thème du numérique existe de longue date au sein du «lab». Ses animateurs ont su coordonner un travail intéressant, qui a débouché sur la très intéressante note société créative, que je vous invite à lire si ce n'est déjà fait. De manière intéressante, cette note a déjà commencé à irradier dans le programme du PS et on en retrouve des fragments dans le texte de la convention national nouveau modèle de développement. Bravo donc à eux.

Le travail que nous initions avec Sophie, et une équipe d'animateurs que nous sommes en train de constituer, est d'une nature différente. Il s'agit en effet d'un «sprint» d'une durée d'environ trois mois, dont le premier objet est la préparation d'un ensemble de textes sur quelques thématiques numériques, ainsi qu'une contribution synthétisant ces travaux.

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